Situation sécuritaire : les évêques de la conférence épiscopale Burkina-Niger (CEBN) s’interrogent sur «l’intérêt de la présence de tant de forces étrangères»

Réunis en conférence épiscopale du 7 au 12 juin 2021 à Ouagadougou, les évêques de la conférence épiscopale Burkina-Niger (CEBN) ont consacré, comme d’habitude, cette session de juin au fonctionnement des commissions épiscopales. Toutefois, outre les nouvelles des diocèses qu’ils se sont données, ils ont procédé à l’écoute de quelques personnes mandatées, dit au revoir à certaines autres, en fin de mandat, et, finalisé les nominations dans les institutions de la CEBN. A l’occasion de cette session, les évêques ont pris part au baptême de la rue de la Nonciature Apostolique: Rue Benoît XVI avant de se retrouver à la cathédrale de Ouagadougou pour la messe à l’intention du Saint Père, le pape François, en la solennité du Sacré-Cœur de Jésus.

Les évêques de la CEB-N et le Nonce apostolique

Mais comme on pouvait s’y attendre, la douloureuse actualité nationale ayant précédé de peu cette session, a eu sa marque sur le cours des travaux. Dès l’entame, et au fur et à mesure des interventions, une minute de prière à chaque fois a été observée par l’assemblée à la mémoire des victimes de Solhan, et globalement, de toutes celles du terrorisme. L’assemblée a accueilli avec gratitude et soulagement le message de condoléances du pape François transmis par le Nonce apostolique, Mgr Michael Francis CROTTY, au début de son allocution à l’ouverture de cette session : «  Je désire assurer de ma prière pour les victimes du massacre survenu la nuit de vendredi à samedi dans un village du Burkina Faso », a déclaré le pape au terme de la prière de l’angélus qu’il a prononcée dimanche 6 juin à la place saint Pierre de Rome. «Le peuple burkinabè  est en train de beaucoup souffrir à cause de ces attaques répétées. L’Afrique a besoin de paix et non de violence».

L’an dernier le communiqué de presse sanctionnant l’assemblée plénière ordinaire de ce mois de juin, relevait ceci :

« Le contexte sécuritaire, plus préoccupant que jamais avec son lot de déplacés, apparait tel que les sahéliens ne sont plus certains de l’avenir du Sahel. Pour les pasteurs de cette partie du Burkina  comme ailleurs dans les régions de l’Est, du Centre-Nord, du Nord, de la Boucle du Mouhoun et des Cascades, notamment, c’est une grande souffrance  de ne plus pouvoir rejoindre les fidèles par endroit, ou de les voir fuir les exactions terroristes sans garantie de sort ou de lendemain meilleur. Aussi, les évêques en appellent-ils à l’Etat pour une gestion plus vigoureuse et rigoureuse de cette situation. L’avenir et la survie de l’Église au Sahel, particulièrement, en dépendent ».

Des efforts considérables sont certes accomplis en matière de lutte contre le terrorisme et il faut en féliciter tous les acteurs, notamment les forces de défense et de sécurité. Seulement, l’évènement tragique de Solhan qui nous a mis en état de choc, fait apparaitre l’hydre terroriste sous un jour qui tue l’optimisme qui commençait à renaitre au sein des populations. La nuit d’horreur de Solhan donne de constater que le spectre terroriste se fait de plus en plus menaçant pour une population qu’environnent pourtant des bases militaires tant nationales qu’étrangères. Ce qui n’est pas sans jeter les populations dans une grande perplexité, avec des perspectives alarmantes de détresse sans mesure des personnes déplacées en cette période hivernale commençante.  Naturellement, il se pose des questions sur l’intérêt de la présence de tant de forces étrangères sur nos territoires alors que l’espérance des fruits déçoit de plus en plus la promesse des fleurs. Ce constat  est une grande préoccupation des populations ; préoccupation que nous partageons. A quand le bout du tunnel ?

Tout en offrant le suffrage de nos prières pour le repos des trépassées et le réconfort des autres victimes, nous condamnons sans appel cette situation d’horreur, inacceptable, survenue à Solhan et encourageons les forces de défense et de sécurité, avec le concours de tous,  à plus de  détermination pour  restaurer la paix dans les zones d’insécurité.

Puisse Marie, Reine de la paix, nous accompagner sur le chemin de la paix véritable, don de Dieu et fruit des efforts des hommes.

Dieu bénisse le Burkina Faso et le Niger !

 

Fait à Ouagadougou le 11 juin 2021

 

Les Evêques de la Conférence Episcopale  Burkina -Niger

 

Le Président

 

 

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