Grâce à l’appui de l’O.N.G. Diakonia, la Commission épiscopale Justice et Paix (CJP-Burkina) en collaboration avec le Centre Delwendé de Sakoula a procédé le 02 décembre 2022, à la réinsertion de Victorine YELYAORE, auparavant exclue de sa communauté par allégation de sorcellerie. Cette réinsertion est l’aboutissement d’un travail de médiation longuement mené par les parajuristes de la CJP-Burkina.
L’histoire de l’exclusion de Victorine YELYAORE par sa communauté ressemble à celle de beaucoup de pensionnaires du Centre Delwendé de Sakoula. Rentrée de la Côte d’Ivoire où elle vivait avec son époux et ses enfants pour prendre soin de sa mère malade, elle se verra un jour sommée de quitter le village. L’argument de ses bourreaux est qu’elle serait à l’origine du décès d’un enfant, et ce, après que le cadavre du défunt a désigné sa concession comme preuve qu’elle en serait responsable.
La quadragénaire va donc trouver refuge chez son grand frère à Ouagadougou. Cependant, les conditions de vie difficiles de celui-ci ne permettaient malheureusement pas qu’elle puisse y rester pendant longtemps. C’est alors qu’elle sera conduite au centre Delwendé où elle passera trois années, avec cet espoir de retrouver cette chaleur familiale dont a besoin tout être humain.
Aujourd’hui c’est un grand frère très ému au point de perdre son latin, presqu’au bord des larmes qui a reçu la délégation du jour composée de la CJP-Burkina, du Centre Delwendé, et du comité paroissial de la Commission Justice et Paix de Boassa. « La joie qui m’anime aujourd’hui est immense. Par cet acte, vous venez de m’ôter un lourd fardeau que j’avais sur le dos. Seul Dieu vous le rendra au centuple », a confié avec émotion monsieur Emmanuel YELYAORE, le grand frère.
Prenant la parole au nom de la CJP-Burkina, Maxime ZOUNGRANA, parajuriste ayant conduit de bout en bout la médiation pour le retour de dame YELYAORE, a invité la famille à tout mettre en œuvre pour bien prendre soin d’elle comme l’ont si bien fait les responsables du centre lorsqu’elle y était. Victorine YELYAORE, pour sa part, n’a eu de cesse de remercier la CJP-Burkina, les responsables du centre et toutes les personnes physiques et morales dont le travail a permis qu’elle regagne sa famille.
Il faut noter que cette réinsertion a été accompagnée par l’octroi de vivres et d’une enveloppe financière afin de permettre à l’ex pensionnaire du centre Delwendé de développer une activité génératrice de revenus. Toujours grâce au soutien de la CJP-Burkina et de son partenaire Diakonia, une maison de dix (10) tôles est sortie de terre pour faciliter son logement. Après cette réinsertion, troisième du genre en l’espace de deux mois, douze (12) autres activités de réinsertion sont prévues afin de porter le nombre à quinze (15) selon les termes du partenariat entre la CJP-Burkina et Diakonia.