Allocution de Mgr Alexandre Yikyi BAZIE à la cérémonie d’ouverture de l’Assemblée générale ordinaire de la CJP-Burkina

Mesdames – Messieurs, chers frères et sœurs !

Je souhaite à tous la bienvenue à cette cérémonie d’ouverture des travaux de l’Assemblée Générale de la Commission Épiscopale Justice et Paix, l’une des 25 Commissions de la Conférence Episcopale Burkina –Niger. Merci d’avoir répondu à notre invitation, merci de nous honorer de votre présence qui donne encore plus d’éclat à cette Assemblée Générale !

Introduction

Avant tout propos, permettez-moi de dire un sincère merci à tous les membres de cette Commission, qu’ils soient nationaux ou diocésains, pour avoir répondu nombreux à notre convocation et pour tout le travail de préparation abattu en cette année où je me suis vu confier la charge de cette Commission épiscopale ! Ma gratitude va tout particulièrement à son tout nouveau Secrétaire Général l’abbé Hermann Ouédraogo et à son équipe Nationale presqu’entièrement renouvelée que je vous demande d’ovationner pour le travail de restructuration abattu en si peu de temps ! Je remercie le Secrétaire Général pour son ardeur au travail, son dynamisme, son esprit novateur qui donne un souffle nouveau à notre Commission. Tout semble redevenu neuf dans cette Commission : le siège flambant neuf qui a été inauguré en décembre 2019 pour lequel nous renouvelons notre merci à notre sponsor principal Misereor essentiellement et tous les partenaires épris de justice et de paix qui nous ont accompagnés dans sa réalisation, la Direction assurée par un nouveau Président et un nouveau Secrétaire général, le nouveau Chargé de projets, le chargé de Communication, la comptable qui est la plus ancienne et donc la mémoire de la Commission, je signale au passage que le quota genre est assez bien respecté en attendant de faire mieux (deux femmes, trois hommes) et, même s’ils ne sont pas à classer dans les genres, deux prêtres !

Le mot du Secrétaire général et du chargé des projets qui se sont proposés de nous rappeler les principales activités réalisées par la Commission depuis sa création en 2003 nous a permis de percevoir encore mieux sans doute l’importance de l’action sociale de l’Eglise en faveur de la justice et de la paix dans notre pays. Nombreuses sont les populations qui ont bénéficié de cette action de la Commission, en étroite collaboration avec d’autres commissions épiscopales telles que celles qui recouvrent la Pastorale sociale, les actions caritatives et actions de développement, les initiatives en faveur des couches les plus défavorisées de notre pays pour ne citer que ces actions !

  1. La Mission de la Commission Episcopale Justice et Paix : les fondements doctrinaux

La Mission de la Commission Episcopale Justice et Paix peut s’énoncer brièvement comme il suit :

Promouvoir la justice et la paix en éveillant et en formant les consciences des individus et des communautés aux valeurs de justice et de paix, en défendant concrètement les droits humains violés tout en privilégiant ceux des faibles et des laissés pour compte de la société.

Toute cette action de la Commission Justice et Paix de l’Eglise Famille de Dieu au Burkina que le Secrétaire Général vient de nous décrire s’inscrit dans cette mission et obéit à l’identité même de cette Eglise qui se veut servante du Salut de l’homme et de tout l’homme, et non pas seulement des âmes comme on l’a souvent dit dans une certaine doctrine réductionniste. L’Eglise a pour mission d’annoncer le Règne de Dieu qui, outre la dimension spirituelle, a aussi une dimension historique concrète, un règne dont elle rend visible les signes ! Sans ces signes concrets, le Royaume de Dieu que l’Eglise annonce serait d’une opacité totale ! En termes bien concrets, l’Eglise ne peut pas parler efficacement d’un Dieu de Justice et de Paix, si l’on ne voit pas les signes concrets de cette Justice et cette Paix de Dieu. Voilà pourquoi l’annonce de l’Eglise tend naturellement à se faire chair, à s’incarner dans l’histoire des hommes pour éviter tout spiritualisme étroit, toute prédication désincarnée. Elle le fait en imitant son Maître Jésus-Christ qui a annoncé le Règne de Dieu en guérissant des malades, en prenant la défense des opprimés tels les lépreux exclus de la société juive de l’époque, en nourrissant les foules affamées de Dieu mais aussi de Pain, assoiffées de Salut mais aussi de Justice terrestre, assoiffées de Vie éternelle mais aussi de Paix sociale. Voilà les fondements de l’Action sociale de l’Eglise, voilà le moteur principal de l’activité de la Commission Episcopale Justice et Paix. L’Eglise a synthétisé tout cela dans ce qu’elle a appelé sa Doctrine Sociale.

Je m’en vais maintenant tracer les grandes lignes de cette doctrine sociale de l’Eglise qui correspond à sa vision du monde, de l’homme et de Dieu, vision qu’elle tire essentiellement de son texte fondateur principal qu’est la Bible, mais aussi de la Tradition des Pères de l’Eglise et du Magistère.

Voici quels sont les Principes de la Doctrine sociale de l’Eglise tels que les énumère et les définit le Conseil Pontifical « Justice et Paix »[1]:

  1. Principes de la Doctrine sociale de l’Eglise
  2. Signification et Unité

« Les principes permanents de la doctrine sociale de l’Eglise constituent les véritables fondements de l’enseignement social catholique : à savoir le principe de la dignité humaine…sur lequel reposent tous les autres principes et contenus de la doctrine sociale, ceux du bien commun, de la subsidiarité et de la solidarité. Ces principes, expression de l’entière vérité sur l’homme, connue par la raison et par la foi, jaillissent «  de la rencontre du message évangélique et de ses exigences résumées dans le commandement suprême de l’amour de Dieu et du prochain et dans la justice avec des problèmes émanant de la vie de la société »[2].Ces principes ont un caractère unitaire, s’articulent l’un dans l’autre et ont une signification profondément morale.

  1. Le Principe du Bien Commun

Le Concile Vatican II définit le Bien Commun comme étant « cet ensemble de conditions sociales qui permettent, tant aux groupes qu’à chacun de leurs membres, d’atteindre leur perfection d’une façon plus totale et plus aisée »[3]. Ce bien commun ne se réduit pas à « la simple somme des biens particuliers de chaque sujet du corps social. Etant à tous et à chacun, il est et demeure commun, car indivisible et parce qu’il n’est possible qu’ensemble de l’atteindre, de l’accroitre et de le conserver, notamment en vue de l’avenir »[4]. Le bien commun est la « dimension sociale et communautaire du bien moral ». « La personne ne peut trouver sa propre réalisation uniquement en elle-même, c’est-à-dire indépendamment de son être « avec » et « pour » les autres. »[5] Les conditions de vie sociale dignes pour tous sont l’expression du bien commun et doivent être garanties par l’Etat, par l’autorité politique. Le bien commun est la raison d’être de l’autorité politique. Le bien commun ne doit pas être recherché comme une fin en soi mais comme toujours en référence au bien de la personne et de la création tout entière.

  1. La Destination universelle des biens.

« Dieu a destiné la terre et tout ce qu’elle contient à l’usage de tous les hommes et de tous les peuples, en sorte que les biens de la création doivent équitablement affluer entre les mains de tous, selon la règle de la justice, inséparable de la charité »[6]  La terre a été confiée à l’homme afin qu’il la fasse fructifier pour le bien de tous. « Destination et usage universel ne signifient pas que tout soit à la disposition de chacun ou de tous, ni même que la même chose serve ou appartienne à chacun ou à tous. S’il est vrai que tous naissent avec le droit à l’usage des biens, il est tout aussi vrai que, pour en assurer un exercice équitable et ordonné, des interventions réglementées sont nécessaires, fruits d’accords nationaux et internationaux, ainsi qu’un ordre juridique qui détermine et spécifie cet exercice »[7]. La propriété individuelle garantit une autonomie personnelle et familiale et est à percevoir comme « un prolongement de la liberté humaine ». La propriété des biens doit être accessible à tous, mais « le droit à la propriété est subordonné à celui de l’usage commun ». La propriété communautaire revêt aussi une importance  particulière selon les contextes culturels et géographiques et ne doit pas être écartée.

Dans le principe de la destination universelle des biens de la terre, l’Eglise privilégie l’option pour les pauvres. Elle a une sollicitude particulière pour les pauvres, les faibles, les personnes vulnérables, les personnes qui ont difficilement accès à la propriété. Cette sollicitude provient de l’identification de Jésus aux pauvres. « Chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits qui sont mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait ». Mt25, 40.

  1. Le Principe de la subsidiarité

On a souvent résumé ce principe par l’expression lapidaire : « Que le Supérieur ne fasse pas ce que peut faire l’inférieur », mais une telle formulation peut favoriser indument une forme d’asservissement des pauvres aux riches, des faibles aux puissants. Il s’agit plus profondément de « protéger et de promouvoir les expressions originelles de la socialité », de ne pas « enlever aux particuliers, pour les transférer à la communauté, les attributs dont ils sont capables de s’acquitter de leur seule initiative et par leurs propres moyens, ainsi ce serait commettre une injustice »[8]. Il s’agit de protéger « les personnes des abus des instances sociales supérieures »[9] et inciter ces instances « à aider les individus et les corps intermédiaires à développer leurs fonctions ». Le principe de subsidiarité (« subsidium » signifie « aide » en latin) permet le respect et la promotion de la personne , de la famille, des associations, des organisations intermédiaires et des collectivités.

  1. Le principe de Participation

La participation est une conséquence de la subsidiarité.  Elle est la contribution des citoyens à la  vie culturelle, économique, sociale et politique de la communauté civile à laquelle ils appartiennent en vue du bien commun. Il s’agit de favoriser la participation de tous en particulier celle des plus défavorisés dans le domaine sociopolitique, l’alternance en politique et la gestion de la vie publique par exemple. La démocratie en ce sens est participative et permet d’éviter les régimes dictatoriaux et totalitaires.

  1. Le principe de Solidarité

Le constat est celui de l’interdépendance croissante entre les hommes. Mais cette interdépendance peut receler corruption et oppression des plus forts sur les plus faibles. Raison pour laquelle cette interdépendance doit être accompagnée d’un engagement au plan éthique et social. La solidarité est une vertu morale et sociale orientée vers le Bien commun. Servir au lieu de se servir, voilà une attitude de solidarité ! La solidarité est fondée sur le sens de l’altérité en vue du bien de tous ! Jésus est l’exemple parfait de la Solidarité, lui qui s’est uni à l’homme dans son incarnation jusqu’à mourir sur une croix.

  1. Les Valeurs fondamentales de la vie sociale

-La Vérité : c’est l’invitation à rechercher la vérité, à tendre vers elle ; la vie en commun  correspond à la dignité des personnes quand elle recherche la vérité.

– La Liberté : « La liberté est dans l’homme un signe très élevé de l’image divine et, en conséquence, un signe de la dignité sublime de chaque personne humaine : »[10] Elle n’est pas « un exercice arbitraire et incontrôlé de l’autonomie personnelle »[11] Pour qu’elle se réalise, il faut que chaque personne puisse réaliser sa vocation personnelle, chercher la vérité, professer ses idées religieuses, culturelles et politiques ; exprimer ses opinions, décider de son état de vie ! Elle doit aussi se manifester comme « capacité de refus de ce qui est moralement négatif, sous quelque forme que ce soit, comme capacité de détachement effectif de tout ce qui peut entraver la croissance personnelle, familiale et sociale. »[12]

-La Justice : Selon la définition classique de CEC, la justice « consiste dans la constante et ferme volonté de donner à Dieu et au prochain ce qui leur est dû » [13] Il existe différents types classiques de justice : commutative, distributive, légale, sociale ! Dans l’action de l’Eglise, c’est la justice sociale qui a pris le plus d’importance. « Ce qui est juste n’est pas originellement déterminé par la loi, mais par l’identité profonde de l’être humain » [14]

– L’Amour  ou Charité : la charité est le « critère suprême et universel de l’éthique sociale tout entière ».  En 1Co12, 31, la charité est la meilleure de toutes.  « La charité présuppose et transcende la justice : cette dernière doit trouver son complément dans la charité »[15]

III. Champs et Moyens d’action

  1. Défense des droits de l’homme

L’action en faveur des droits de l’homme n’a pas toujours eu la faveur des populations car celles-ci regardent cette action comme une volonté de soustraire les coupables à la justice pénale telle qu’elles la conçoivent. Il n’est alors pas rare que certains individus décident de se faire justice eux-mêmes par des vindictes populaires, des lynchages, violant ainsi les droits des individus, imposant ainsi la loi du plus fort etc. Et pourtant, il est important de sauvegarder le respect de la loi pour ne pas tomber dans l’anarchie et les désordres sociaux, bases des conflits, des guerres !

Voici à titre d’exemple le vaste et ambitieux champ de notre action que nous propose toujours le Conseil Pontifical Justice et Paix[16] :

-Le droit à la vie

-Le droit à l’intégrité physique et psychique : interdiction de la torture

-Le droit à la non-discrimination de race, de sexe

-Le droit à l’émigration et à l’asile : travailleurs émigrés et réfugiés

Le droit à la propriété et ses limites

-Le droit à la liberté religieuse

-Le droit à la liberté d’expression et d’information

-Le droit à la liberté d’association

-Le droit à la participation aux affaires publiques

-Le droit à l’initiative économique

Le droit au travail et le droit des travailleurs

-Le droit au logement

-Le droit à l’éducation et à la culture

On peut ajouter à cette liste, le droit de la famille, de la femme et de l’enfant, le droit des groupes religieux, le droit des minorités et des peuples autochtones et les droits des nations et des peuples. On pourrait se demander où sont les devoirs car on n’y voit que des droits. Les devoirs sont justement l’obligation  pour la personne, l’autorité ou l’institution compétente de respecter et de promouvoir ces droits que venons de citer ! Ce qui est un droit pour l’un, devient un devoir pour l’autre !

  1. La médiation dans les conflits pour la sauvegarde de la paix.

Il s’agit des conflits entre familles, entre ethnies, entre villages quelquefois. Sur le terrain , la Commission bénéficie de l’action de para-juristes qui accomplissent des actions de médiations pour prévenir ces conflits ou apporter un climat d’apaisement dans la résolution des contentieux, des litiges liés au foncier, au mariage, aux funérailles, à la religion etc.

  1. Les causes principales des conflits sociaux

Dans le contexte qui est le nôtre au Burkina Faso, les causes des conflits sont essentiellement la pauvreté socio-économique due au sous-développement chronique et ses conséquences dans les domaines de l’alimentation et de la santé, le chômage, la fragilité des Institutions, la corruption, la perte de la confiance en beaucoup d’autorités communales, financières, domaniales, l’effritement des valeurs morales,  le terrorisme et l’insécurité,  les tensions ethniques et communautaires, la pandémie du Corona virus etc.

  1. Quelques domaines d’intervention privilégiés et les moyens d’action.

La promotion des instruments juridiques relatifs aux droits humains et de la doctrine sociale de l’Église, de l’accès à la justice en faveur des personnes les plus défavorisées, de la législation sociale et fiscale, de la démocratie, de la citoyenneté, de la bonne gouvernance et du leadership, la prévention et la gestion des conflits, la lutte contre l’exclusion sociale et les violences faites aux femmes et aux enfants,  la culture du dialogue social en vue de la consolidation de la paix et de la réconciliation etc.

Les moyens d’action  habituels sont l’information, la formation et la sensibilisation, l’assistance juridique et judiciaire, la médiation, le lobbying etc. Nous ne devons pas oublier la prière qui certes n’est pas une action comme les autres mais qui a son importance pour une commission épiscopale. L’Église prie tout simplement pour la paix.

  1. Vers une culture de la Justice et de la Paix
  2. La Justice et la Paix

La paix est généralement conçue au sens commun et populaire comme l’absence de guerre. C’est la conception négative. Mais nous percevons tout de suite que l’on ne peut définir seulement négativement la paix comme une absence de . Il nous faut également dire positivement le contenu de cette réalité que nous appelons paix.  

Au sens politique, la paix sera entendue comme le fruit d’une entente ou d’un pacte politique, d’un accord, d’un contrat légal ou d’un consensus. Le mot Pax latin signifie cette réalité d’un accord obtenu. La « Pax Romana » dans l’ancien empire romain, c’est quand tous les peuples environnants étaient soumis à l’empereur romain.

Il y a dans la définition de la paix un aspect dynamique qui fait de celle-ci une réalité tout autre que passive. Il ne faut pas confondre paix et passivité. Le pacifique n’est pas le passif. La paix est ce bien-être de l’existence quotidienne qui repose sur l’harmonie avec les autres et avec soi-même dans une dynamique consensuelle. Elle n’est donc pas un état idyllique car elle s’obtient au prix d’un engagement quotidien . Les résultats sont toujours précaires et la bataille pour en conserver les acquis fait partie elle-même du processus de paix. Pour vivre dans la paix, il faut que chacun accepte de payer de sa personne dans un engagement à rechercher des valeurs qui produisent cet état recherché. La principale valeur qui est liée à cet état, c’est la justice. « Amour et vérité se rencontrent, justice et paix s’embrassent » dit le psaume 84. En Jésus Christ cela se réalise.

Nous avons déjà tenté plus haut une définition assez rapide de la justice. Elle est une qualification des rapports qui régissent les citoyens. Ce rapport qualitatif est la plate-forme axiologique , normative d’une vie harmonieuse. La notion de justice elle-même est large et dépasse le cadre simplement juridique. Elle recouvre également toute la perspective du développement humain intégral. Le développement de l’homme, son épanouissement complet est la vocation de la justice. Il n’y a pas de paix sans justice, sans égalité de droits, sans équité mais aussi sans conscience de devoirs civiques, moraux, économiques, politiques, sociaux etc. Pour le prophète Isaïe la paix est œuvre de justice (Isaïe 32, 7 ; GS 7).

Les diverses formes de violence qui provoquent la « non-paix » (la non paix n’est pas toujours la guerre).

-La violence physique (guerres, tortures, massacres, destructions, génocides, viols )

-La violence morale (manipulations psychologiques, agressions sexuelles par l’image, le son, l’écrit, la publicité etc.(les plus vulnérables étant les enfants et les jeunes)

-La violence socio-économique et politique (crimes économiques et politiques)

-La violence religieuse ( la manipulation des consciences fondée sur la peur, l’exploitation du sentiment d’insécurité, de peur, de la crédulité bon marché, l’instrumentalisation des personnes au service d’ambitions religieuses, le prosélytisme agressif, l’intégrisme, le fanatisme, le fondamentalisme ,etc.).

-La violence idéologique (l’imposition d’idées personnelles par le lavage de cerveau, par le martèlement et le harcèlement médiatique).

-La violence structurelle (le maintien de structures productrices d’injustices par la force de la loi, de l’autorité ; l’imposition d’un type d’ordre établi générateur d’injustices, d’inégalités sociales, de pauvreté, de détournements etc.)

  1. La Culture de la paix. Elle est, selon l’Unesco, « l’ensemble des valeurs, des attitudes et des comportements qui traduisent le respect de la vie, de la personne humaine et de sa dignité, de tous les droits de l’homme, le rejet de la violence sous toutes ses formes et l’attachement aux principes de liberté, de justice, de solidarité, de tolérance et de compréhension tant entre les peuples qu’entre les groupes et entre les individus. Afin que nous-mêmes et les générations futures puissions recueillir les fruits de cette culture de la paix, nous pouvons d’ores et déjà agir. Il faut : encourager une éducation à la paix, aux droits de l’homme et à la démocratie, à la tolérance, et à la compréhension internationale ; protéger et respecter tous les droits de l’homme, sans exception, et lutter contre toutes les formes de discrimination ; promouvoir les principes démocratiques à tous les niveaux de la société ; vivre la tolérance et la solidarité ; lutter contre la pauvreté et assurer un développement endogène et durable au bénéfice de tous, qui puisse offrir à chacun un cadre de vie conforme à la notion de dignité humaine ; protéger et respecter notre environnement. »[17]

Conclusion : La violence est négative mais le conflit peut être perçu comme une nécessité de progrès et le rôle de l’Eglise, de la religion et de la Commission Justice et Paix ne sera pas celui de créer un calme plat, une mer sans tempêtes, mais celui d’apaiser les tempêtes, de juguler les conflits, de prévenir les violences pour leur donner une issue positive à tous points de vue, pour en faire des leçons d’histoire…Instaurer la paix, ce sera donc quelquefois, non pas vouloir qu’il n’ y ait plus de conflits, ce qui serait d’une naïveté primaire, mais instaurer le dialogue. Cela consistera aussi à susciter un sens de la responsabilité chez les différents acteurs, un sens élevé de la fraternité, de la justice, de la vie, du pardon et de la réconciliation, gages d’un avenir commun.  Beaucoup aiment bien citer ce mot de Félix Houphouët Boigny : « La paix n’est pas un mot, c’est un comportement » sauf qu’on oublie bien souvent de préciser quel est ce comportement ! C’est ce comportement là que la Commission Justice et Paix s’efforce de promouvoir ! Son rêve le plus immédiat et urgent est celui d’arriver à la création d’un Observatoire permanent des droits de l’homme pour que ses objectifs deviennent une réalité pour le bien de tous ! Et nous pensons qu’avec la grâce de Dieu, nous y arriverons !  (Sur ce, je déclare ouverts les travaux de l’Assemblée Générale de la Commission Episcopale Justice et Paix).

+ Alexandre Yikyi BAZIE, Evêque auxiliaire de Koudougou, Président de la Commission Episcopale « Justice et Paix ».

[1]Conseil Pontifical « Justice et Paix », Compendium de la doctrine sociale de l’Eglise, Libreria Editrice Vaticana, Città del Vaticano, 2005, p. 90s.

[2] ibidem

[3] GS26

[4] Conseil Pontifical « Justice et Paix », op. cit. p. 92

[5] ibidem

[6] GS69

[7] Conseil Pontifical, op. cit. p. 97

[8] CEC n°1883

[9] Conseil Pontifical, op. cit. n° 187, p. 104

[10] GS17

[11] Conseil Pontifical, op. cit. n°199, p. 114.

[12] Idem, n°200, p. 114.

[13] Conseil Pontifical.n°201, p. 115.

[14] ibidem

[15] Jean-Paul II, Message pour la Journée Mondiale de la Paix 2004, 10 : AAS 96 (2004)120.

[16] Conseil Pontifical « Justice et Paix » et Fédération Internationale des Universités catholiques, Les droits de l’homme dans l’enseignement de l’Eglise : de Jean XXIII à Jean-Paul II (Giorgio Filibeck(dir.), Libreria Editrice Vaticana 1992, p. 524.

[17] Année internationale de la culture de la paix au Burkina Faso, Pour une culture de la paix et de la non-violence, Ouagadougou, 2000

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